Haute tension !
Une semaine de course ! Déjà ! Une semaine d’une navigation brutale, majoritairement contre le vent et la houle, marquée par trois passages de fronts rapprochés et violents. Des conditions de mer et de vent peu propices aux très hautes vitesses, mais éreintantes pour les hommes et le matériel malmenés, ballotés, bousculés dans les creux et les vagues. Thomas Ruyant s’est glissé dans la carapace de coureur au large qu’il affectionne. Dur au mal, faisant corps avec son bateau, oublieux de la fatigue, il a laissé son esprit prendre le dessus pour privilégier la lucidité, la clairvoyance aux bons choix stratégiques et techniques. Il peut, au terme de cette terrible première semaine de course, se féliciter d’une deuxième place au très provisoire classement général, gagnée de haute lutte au sein d’un redoutable peloton des 6 Imocas de tête toujours en mesure de prétendre à la victoire finale sur cette ligne d’arrivée de Pointe à Pitre, distante ce matin de quelques 1 600 milles.
C’est dans ce contexte de fatigue et d’usure que ces protagonistes abordent un nouvel épisode, particulièrement crucial celui-là, de la course. Ils ont entamé hier ce contournement de l’anticyclone des Açores, sous la menace en leur Est d’une dorsale, peu ventée elle aussi. Le couloir pour s’infiltrer sous le centre des hautes pressions, est étroit, piégeux, à grains et à vents instables en force comme en direction. Le leader Dalin s’y est engagé hier après-midi avec un matelas de près de 80 milles d’avance sur son dauphin du moment, Jérémie Beyou. Thomas, à la faveur d’une rotation du vent au secteur Nord - Nord Est, a su appuyer sur l’accélérateur pour déborder cette nuit ses adversaires, s’emparer de la deuxième place, et revenir à moins de 50 milles du tableau arrière du leader.
Le jeu est à haut risque. Les solitaires viennent flirter avec le centre des hautes pressions, à la recherche de cette adonnante, et la rotation du vent sur l’arrière de leur monocoque.
Plus qu’à l’examen des fichiers de vent et autres images satellites, c’est sur le plan d’eau que se joue la dramaturgie, à l’observation des masses nuageuses, du sens de la houle, et à la réactivité du skipper pour établir la toile du temps, quitte en cela à multiplier les épuisantes manœuvres de changements de voiles. C’est à ce prix que se gagnent les alizés, et l’espoir de recoller au leader dans une deuxième partie de course diamétralement opposée à la première, aux allures portantes cette fois ci, au jeu de la vitesse et de la glisse, sous le soleil et sur des mers aux senteurs tropicales.
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